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"Dernières Nouvelles d'Alsace"

  • Photo du rédacteur: Helene Savoye
    Helene Savoye
  • 24 mai 2021
  • 6 min de lecture

Terre connue autant que renommée, aux lieux-dits imprononçables et aux vins enveloppés de mystère… Une région ancrée dans sa tradition qui, pourtant, s'affranchit du classicisme d'autrefois pour expérimenter de nouvelles pratiques.


Lumière sur une jeune génération alsacienne en pleine révolution viticole avec Jérôme François de La Grange de l'Oncle Charles, amoureux biodynamique à Ostheim.


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Indispensables tondeuses naturelles qui, en plus d'être esthétiques, apportent de la matière vivante aux sols.

L'Alsace, ses colombages typiques, ses vallons enchanteurs et sa fameuse route des vins ! Sur près de 170 km de long, vous vous faufilerez sur ses routes étroites afin de parcourir les 15 500 ha de la neuvième région viticole française en surface (la première étant le Languedoc-Roussillon avec 230 000 ha).


Coincée entre le Massif des Vosges et la frontière naturelle qu'est le Rhin, l'Alsace est l'une des régions les plus sèches de France. Colmar est la deuxième ville qui connait le moins de précipitations derrière... Perpignan ! La chaîne montagneuse bloque l'influence atlantique et confère à la vallée un climat continental aux hivers rigoureux mais secs et aux étés et automnes chauds et ensoleillés.


"Vins de terroirs"


Le Terroir, mot difficilement traduisible; souvent non traduit d'ailleurs. Le terroir agrège des paramètres divers et variés qui vont de l'exposition des parcelles, à leur altitude, à la mosaïque des sols qui la composent en passant par le taux de pluviométrie de la zone géographique étudiée. Une complexité qui en fait un terme à la dimension passionnément mystique. Et s'il y a bien une région où les vins sont les miroirs de fantastiques terroirs, c'est indiscutablement l'Alsace !


Composée d'une classification simple dans sa structure mais déroutante par la prononciation de ses lieux-dits, la vins de la région se découpent comme suit :


  • AOC Alsace, la plus répandue et importante des appellations alsaciennes puisqu’elle couvre toute la zone viticole prenant en compte sept cépages et deux assemblages spécifiques : L’Edelzwicker et le Gentil, le Klevener de Heiligenstein. Cette AOC représente près de 80% de la production en vins blancs principalement.

  • AOC Alsace Grands Crus qui recense les 51 meilleurs terroirs depuis 1975. Délimités selon des critères climatiques et géologiques précis, ils n'autorisent seulement que 4 cépages (Riesling, Pinot Gris, Muscat et Gewurztraminer). Cette mention représente environ 4 % de la production.

  • AOC Crémant d’Alsace, ce vin effervescent élaboré avec une deuxième fermentation en bouteille, méthode appelée "traditionnelle" comme les champagnes, cavas et autres crémants français. Existe en blanc et en rosé dont les cépages autorisés sont les Pinots Blancs et Gris, le Riesling et le Chardonnay puis le Pinot Noir pour le rosé.

Les mentions « Vendanges Tardives » et les « Sélections de Grains Nobles » viennent compléter des AOC pour spécifier la structure d'un vin par son taux de sucre.

  • Vin de France, cette mention est apposée sur un vin qui a été élaboré en dehors du cahier des charges des AOC. Ce n'est pas négatif, loin de là car c'est une expérience réalisée, selon la conviction du vigneron, qui a été mise en bouteille.

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Grand Cru Rosacker situé sur la commune d'Hunawihr. Parcelle de sept rangs travaillée en biodynamie par La Grange de l'Oncle Charles. 200 bouteilles par an.


L'Alsace est l'une des régions les plus actives quant à la conversion de ses terres viticoles en agriculture biologique. Pourtant sur les 4 400 domaines recensés en Alsace, seulement une centaine travaille en biodynamie (certains certifiés par les labels Demeter et Biodyvin, d'autres non), et une quarantaine en nature. Le Jura et la Vallée de la Loire sont un tout petit peu plus en avance sur le sujet.

Il faut dire que l'Alsace est une terre de traditions, l'une des rares régions à exprimer ses terroirs par des cuvées très largement vinifiées en mono-cépage. On dit "un Riesling" ou un "Gewurztraminer"; alors qu'en Bourgogne par exemple, région de cépages non assemblés également, amateurs comme plus novices vont parler en crus ou en appellations : "un Meursault", un "Pommard" etc, et non un Chardonnay ou un Pinot Noir pour les désigner. L'importance du cépage en Alsace est indéniable, ils sont des révélateurs de terroirs chacun à leur manière, le Riesling notamment, véritable vecteur de minéralité.


Paradoxalement, l'Alsace est une contrée de complantations où de nombreux cépages se côtoient sur une même parcelle, récoltés au même moment, vinifiés dans de mêmes contenants. Cette pratique s'est perdue au fil des arrachages de vieilles parcelles, où les jeunes plants de vigne étaient tous issus de clones d'une même variété. Un logiciel d'une génération productiviste, à la recherche de vins homogènes et dont le mélange de l'ensemble de leurs parcelles (hors Grands Crus, tout de même) était finalement bien pratique.


Certains résistants, amoureux de leurs ceps et de leur environnement ont conservé des parcelles complantées et élaborent des cuvées avec l'ensemble des cépages qui s'y trouvent. Leur objectif ? Faire parler les sols !


Et oui, comme nous l'évoquions plus haut, l'Alsace est caractérisée par des terroirs aux sols exceptionnels ! Une mosaïque extrêmement riche composée de granites, gneiss, marnes, argiles, schistes, calcaires ou encore de grès. Des roches qui s'empilent en strates et sont traversées par les racines de la vigne qui se charge en minéraux au passage. C'est la vision de Jérôme François, gérant du domaine de La Grange de l'Oncle Charles qui prône la complantation pour la complexité et la profondeur qu'elle apporte aux vins.


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Jérôme François, vigneron sur 6,5 hectares en biodynamie. Propriétaire d'une douzaine de moutons, d'un cheval de trait, d'une soixantaine de vieilles barriques et de silice en poudre.

Fils de gendarme, formation de charpentier, rien ne prédestinait vraiment Jérôme à se lancer dans le vin. C'est son grand-père qui lui transmet son intérêt pour la vigne, lui-même chercheur dans le vin et possédant une parcelle d'un demi-hectare couverte de très nombreux cépages alsaciens, voire même d'autres contrées. C'est avec ce bout de jardin que Jérôme commence à vinifier sa première cuvée Alsace en 2014 après son BPREA à Rouffach.


Il a sa propre vision de la viticulture et s'écarte vite de ce que l'on lui inculque lors de sa formation viticole. Avec son ami Yann Bury qui vient lui donner un coup de main les samedis, il décide de passer beaucoup plus de temps à la vigne que la plupart de ces confrères.

Les coups de main ponctuels ne sont plus suffisants, Yann et Jérôme s'associent pour développer le domaine et mettre sur pied une gamme Terroir (ça ne s'invente pas). Des cuvées qui représentent les spécificités des parcelles travaillées le plus proprement possible !


Vous voyez la colline en face ? Nous on l'appelle "la colline de la honte" car elle est tellement brûlée par les désherbants chimiques. On a une parcelle là-bas, vous voyez, la seule bande verte tout à droite !

Jérôme François, en pointant le mont Sonnenberg aux sols oranges et marrons qui contrastent avec leurs rangs enherbés, vivants.



Accords avec le calendrier lunaire, compost biodynamique, applications des préparations biodynamiques à la vigne (notamment les fameuses "bouse de corne" dite la 500, bouse de vache logée dans des cornes de bœuf, chargée de minéraux et nutriments après un an sous terre - et "silice de corne" dite la 501 qui est en fait du quartz broyé et dynamisé dans des eaux de pluie puis diffusée sur les parcelles); traction animale avec les deux magnifiques chevaux Sirus et Fastoche, tonte naturelle par les ovins ou encore applications d'huiles essentielles et décoctions sont autant de pratiques qui font que la vigne donne le meilleur d'elle-même.


A la vigne comme au chai, les deux amis sont complémentaires et ont la même vision de ce qui fait un "bon" vin. Les tables du monde entier reconnaissent également aujourd'hui le travail de La Grange de l'Oncle Charles à l'instar du Chambard, restaurant doublement étoilé à Kaysersberg, qui leur consacre rien de moins qu'une page quasi entière !


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C'est aujourd'hui accompagnés de Morgane Stoquert que les deux amis poursuivent le développement du domaine. Amie du duo, Morgane les soutient sur le plan commercial, notamment à l'export, et sa grande polyvalence à la vigne comme à la cave la rend indispensable pour mener à bien tous les projets de "La Grange" !


Pour plus d'infos sur le domaine, je vous invite à écouter l'interview de Yann Bury par la formidable Radio Vino ici. Roi de la tarte flambée, si vous passez au domaine il sera ravi de vous en préparer une ou plusieurs maison !

La Grange de L'Oncle Charles

2 RUE DE LA FECHT

68150 OSTHEIM

Téléphone : 09 82 35 02 91


Pour toute question ou informations afin de vous procurer les vins, vous pouvez me joindre ici !


Hélène Savoye



© crédits photos Hélène Savoye et Morgane Stoquert

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